Vacance de pouvoir : un autre universitaire gabonais se lâche

 
Libreville, 8 novembre (Gabonactu.com) – Axel Nguema Edou, sociologue et enseignant université Lyon 1, piqué au vif par l’analyse de Boniface Roux Boubiala, enseignant à la Faculté de droit de l’Université Omar Bongo, sur les possibles solutions en cas d’une vacance de pouvoir au Gabon, a répliqué par une analyse qui suggère la mise entre parenthèse des lois du pays.
 
 
Voici son texte :
 
Cher juriste et collègue enseignant, votre analyse est pertinente d’un point de vu juridique. C’est-à-dire, dans une logique formelle de respect des textes de lois constitutionnels pour le cas présenté.
 
Néanmoins, il se trouve limité par une absence de transversalité de votre approche. En effet, vous citez brièvement les faits historiques qui pourraient relever d’une homologie au fait actuels et permettre de nuancer votre volonté très marqué d’appliquer l’article 13 de la constitution. Vous prenez le cas par exemple de 2009 et vous restez sur la simple application de l’article 13 qui en a été faite sans pour autant insister sur l’analyse du processus de l’application de cette loi en 2009 et des rapports de forces qu’il a occasionné au terme de ce processus? Avez-vous pris en compte l’opinion du peuple, que vous semblez bien replacer au centre de l’intérêt de la République?
 
Je vous invite à interroger le social pour mieux affiner votre argumentaire. Qui pour ma part, d’un point de vu juridique, comme je le disais plus haut, est très pertinent, mais d’un point de vu social et j’ai même en vie de dire d’un point de vu sociologique, limite l’appréciation de l’objet au regard de son importance et du tournant qu’il offre à notre pays.
 
L’anarchisme doit-il s’installer pour reconstruire cette République ? Le peuple a-t-il cette place importante que les textes semblent désigner? Le respect des textes est une évidence dans une République qui n’est pas que de nom. Mais le Gabon est-il une République? Le peuple est-il considéré comme celui qui a le pouvoir de faire et de défaire les représentants de ce peuple? Ou les représentants le considèrent tout simplement comme un outil de légitimation? Il faut repenser le logiciel et la structure de votre analyse.
 
Je vous invite à ne pas faire une analyse par le haut (prise en compte des lois constitutionnelles) mais plutôt une analyse par le bas (comprendre d’abord le peuple, son imaginaire, sa relation, sa considération avec les loi de la république et l’application de celles-ci ). Le pays et non la République (qui n’existe pas, si ce n’est que de nom) est pris en otage par un groupement constitué autour d’un parti politique et des ramifications familiales et relationnelles dont l’organisation ne tient pas compte de votre république des lois.
 
Le débat actuel (la mort ou pas du président du Gabon) a une forte dimension symbolique. Je dirai même de la « violence symbolique », pour reprendre Bourdieu. Cette notion nous fait comprendre l’existence de dominants (personnes au pouvoir) et de dominés (le peuple qui ne gouverne pas) qui tentent chacun de se légitimer. Le plus souvent, le dominant a déjà encadré les représentations qui imposent aux dominés leur position d’infériorité et les auto-exclus du processus de gouvernance.
La mort n’est pas tant une mort physique souhaité, mais plutôt la fin d’une représentation de domination qu’un individu incarnait du fait que la République ait été personnifié.
 
En émettant des symboles représentant la mort du président du Gabon, les dominés marquent un renversement du rapport de domination. De l’autre côté, la classe des dominants, sachant que leur pouvoir tient à cette représentation de l’Homme-Etat, celui par qui toutes les réalisations ont lieu, ne peuvent pas le déclarer mort ou le présenter dans un état dont la symbolique affirmerait ce que pense le groupe des dominés (du moins pas avant d’avoir garantie le mécanisme de construction d’une nouvelle figure symbolique de leur pouvoir).
 
Je pense, comme en 1789 en France, il faut qu’on coupe les têtes des rois (au moins symboliquement), qu’on installe l’anarchie et qu’on repense notre vivre ensemble. Il faut passer par le désordre pour arriver à construire l’ordre.
NB: texte écrit spontanément sans relecture.
 

NGUEMA EDOU Axel, sociologue et enseignant université Lyon 1.

 

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