Le travail d’analyse va consister à faire le tri entre l’information qui est sérieuse étayée et une rumeur qui circule (Emeric Roger, chef de mission de la CPI au Gabon)

 Le   chef de mission de la CPI au Gabon lors de l’interview avec Gabonactu.com  à Libreville le 22 juin @ Gabonactu.com

Libreville, 23 juin (Gabonactu.com) –  Emeric Roger,  chef de mission de la Cour pénale internationale « CPI), dépêché à Libreville pour  évaluer la crise post-électorale née de la réélection contestée du président Ali Bongo Ondimba, a déclaré dans une interview exclusive  à Gabonactu.com  qu’une analyse minutieusement sera menée au vue des informations et  des éléments recueillis avant d’ouvrir ou non une enquête préliminaire. Lecture !

 
Gabonactu.com : Vous avez passé deux journées de travail au Gabon, maintenant votre  mission est terminée, quel est le bilan que vous  faites de ces deux jours de travail ?
Emeric Roger : Un bilan très positif. C’était une visite très intense et très constructive. Nous avons pu avoir  des réunions avec l’ensemble des interlocuteurs que nous avons  identifiés  avant d’arriver. La mission s’est déroulée sans aucune  restriction, sans aucune  entrave avec la pleine coopération des autorités gabonaises. Naturellement nous nous  sommes   entretenus avec les membres du gouvernement, ministre de la justice, de l’intérieur, de la communication, de la défense mais aussi avec l’opposition politique,  y compris avec monsieur Jean Ping. Avec les représentants de la société  civile ; des autorités judiciaires naturellement, le procureur général et le procureur de la République de Libreville  et enfin les représentants de la communauté internationale. C’était une visite très intense et très instructive.
Gabonactu.com  Après cette période de collecte des données à quelle échéance la CPI pourra décider de mener une enquête ou pas et de procéder certainement à des interpellations puis que  vous avez dit qu’à cette étape il n y a pas d’interpellation ?
Emeric Roger : A cette étape il n y a pas d’interpellations, à cette étape il n y a même pas d’enquête. L’examen préliminaire, c’est une analyse, c’est un processus d’évaluation. Parce que nous devons évaluer  si les actes de violences ont été  commis durant la période  électorale, sont  susceptibles des crimes relevant de la compétence de la CPI. Pour le moment nous n’avons pas  encore répondu à ces  questions. Mais quant  bien même nous répondrions à l’affirmatif à cette question, nous penserions que  des crimes contre l’humanité ont été commis au Gabon.  Il nous faudra évaluer si  ces actes ont fait l’objet d’enquêtes, des poursuites au niveau national. Il nous faudra évaluer leur gravité, il nous faudra aussi évaluer les intérêts  de la justice. Donc le travail va encore se poursuivre pendant quelque temps. Il n’ y a pas de délais  impartis par le statut de Rome  pour conclure un examen préliminaire. Mais en revanche, nous  devons vous assurez, assurez   tous les gabonais que ce travail sera  effectué en toute  indépendance et en toute  impartialité.
Gabonactu.com  Avant de venir au Gabon vous  avez reçu des documents des témoignages et autres. Mainmettant que vous avez été au Gabon en tant que spécialiste, est ce que vous avez la certitude  quand même que  très certainement  la CPI pourrait  se saisir  de ce cas  pour faire une étude approfondie et certainement accorder  une justice  à ceux qui la souhaitent ?
Emeric Roger : Nous n’avons aucune certitude parce que  comme je vous disais l’examen préliminaire va se poursuivre. Il y a encore un certain nombre d’informations à vérifier peut-être d’autres  informations à recueillir  et d’autres critères  à évaluer. Donc il n y a aucune  conclusion  même préliminaire  de notre part.  Ce qui est frappant aussi c’est  l’ampleur  des controverses au Gabon.   S’agissant de tout ce qui touche à l’appareil électoral qu’il s’agisse d’épisode en particulier d’allégations, chaque fois il y a des versions très contradictoires qui circulent aussi beaucoup de rumeurs. Et donc le travail d’analyse va consister à  faire le tri entre l’information qui est sérieuse et  entre une rumeur qui  circule sans se solder sur des faits bien précis.
Gabonactu.com  Est-il possible que vous reveniez encore ici au Gabon ?
Emeric Roger : Oui il est possible, mais nous n’avons pas encore décidé mais en tant que de besoin nous reviendrons  avec plaisir.
Gabonactu.com : Entre le coté du pouvoir et le camp de l’opposition, lequel vous a fourni plus d’éléments ?
Emeric Roger : Chaque formation compte, chaque source d’information mérite d’être évaluée. A ce stade ce qui est frappant ce que  le gouvernement et l’opposition ne mettent par l’accent sur les mêmes aspects de la crise. Ils portent des allégations sinon des accusations qui sont  différentes. Il revient au bureau d’étudier tout ça en toute indépendance et en toute impartialité.
Gabonactu.com : On accuse toujours la CPI d’être un tribunal  contre les africains et quand les africains vous appellent, quel sentiments avez-vous ?
Emeric Roger : Le fait que les africains nous appellent c’est peut-être la meilleurs démonstration que la CPI n’est pas  focalisée sur l’Afrique ni anti africaine. Là c’est le gouvernement gabonais qui a saisi la CPI. Auparavant il y a eu la République démocratique du Congo, l’Ouganda, le Mali, la République centrafricaine. La plus part des enquêtes qui ont été ouvertes par le procureur  de la CPI l’ont été suite au renvoie de la situation par des pays concernés. Ça se passe de plus de commentaire les faits parlent d’eux même.
 
Gabonactu.com : Gabonactu.com vous remercie
 
 
Emeric Roger : Merci
 

Propos recueillis par Martin Safou

 

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