Akanda : Bidonville en développement ? (libre propos de Ché Stéphane Ndao Rilogue, conseiller municipal)

En 2013, au-delà de l’aspect politique, la création de la Commune d’Akanda par les plus hautes autorités de l’Etat répondait à un double objectif : Bâtir une ville moderne à travers son plan d’urbanisme dans le 2eme arrondissement (Angondje) et une Ville écologique : à travers la préservation de l’environnement dans le 1 er arrondissement. (Cap Esterias).

De surcroît, cette ville située à proximité de l’aéroport, représenterait la vitrine de notre pays, pour des sportifs et supporters étrangers résidant au Gabon pour un court séjour (rencontre sportive au stade de l’amitié)et d’autre part,sur le plan touristique avec la visite de notre forêt classée de la Mondah et sa riche biodiversité.

Mais force est de constater que ce projet salutaire se meurt peu à peu, suite au « phénomène de ghettoïsation » qui se développe sous nos yeux journellement. En effet, nous voyons se multiplier devant de nombreuses façades des boxes commerciaux de fortune, qui ne respectent aucune norme, qui occupent le domaine public et enlaidissent par la même occasion nos façades, nos trottoirs, artères. Les autorités municipales, que nous sommes, rencontrons les plus grandes difficultés à juguler ce phénomène grandissant.

Par ailleurs, nous sommes confrontés à la sempiternelle préoccupation des inondations liées à des constructions érigées sur des lits de rivière en saison sèche, mais résultant également des travaux inachevés et contrefaits suite à la construction de nos routes avant l’organisation de la CAN 2012. Notamment dans les quartiers Beaulieu, CES Bigman, Sherko, etc.

A/ORIGINE

Dénoncer ces faits, aujourd’hui, peut paraitre  un acte xénophobe, mais c’est une réalité. Le domaine public est occupé majoritairement par nos frères et amis des pays voisins qui s’installent et construisent dans le but d’exercer principalement des activités commerciales informelles de proximité (vendeuses de fruits, cordonniers, boutiquiers, ongleries, commerçantes, vente à la sauvette,et j’en passe mais aussi des menuiseries, ateliers de soudure, et garages à ciel ouvert ( réparation de véhicules en plein trottoirs).

Ces faits ne sont pas irréversibles, mais se sont tellement répandus qu’ils font désormais partie de notre décor et quotidien, tels les malades mentaux qui jonchent nos rues dans le plus simple appareil.

Comme des autruches, Nous passons, nous voyons, mais détournons nos regards de cette pollution visuelle qui finit par ne plus nous émouvoir.  Bien au contraire, l’autorité s’expose à la vindicte populaire, lorsqu’elle mène des opérations de déguerpissement d’occupation du domaine public ou lorsqu’ elle inscrit «à démolir, à déplacer, etc.» sur des façades, véhicules abandonnés. Ces missions relèvent pourtant de son domaine régalien.

B/ NOUS SOMMES TOUS RESPONSABLES

– l’Exécutif: le transfert de compétences peine à être mis en œuvre parce que le décret d’application de la loi relative à la décentralisation n’est toujours pas signé.

– l’Autorité Municipale : mue par une éventuelle réélection, les élus abdiquent et laissent se multiplier ces situations pour éviter des troubles publics, les conflits et souhaitent préserver une paix sociale. Ainsi, la Municipalité ou l’agent municipal véreux profite de cette situation pour se faire de l’argent sur l’illégalité en percevant des taxes journalières indues(parafiscalité) ;

– Les familles gabonaises propriétaires:  les responsables de ces familles sont souvent retraités (raisons économiques) louent, sous louent et vendent par méconnaissance leurs devantures qui font partie intégrante du domaine public ;

D’autre part, ces commerces de proximité constituent du pain béni pour de nombreux riverains qui n’ont plus à effectuer de longs déplacements, et deviennent de facto les défenseurs de ces commerçants informels.

Cette réalité fait de nous des complices volontaires ou involontaires. Le  Gouvernement peine à décentraliser ,les élus ont la main qui tremble pour des raisons électoralistes,et les riverains cherchent à arrondir leurs fins de mois difficiles.

C/ CONSEQUENCES

Le Corollaire engendre une défiance des populations vis-à-vis de l’autorité qui n’arrive plus à exercer son pouvoir, puisque le laxisme des politiques face au désordre entretenu s’est mué en principe. Le bras armé de la municipalité, représenté par la police Municipale, lorsqu’elle ne participe pas elle-même à cet environnement, ne semble pas disposer de moyens humains, matériels, et logistiques pour soutenir les actions de la Mairie dans ce sens.

Au-delà des conséquences sur la défiance de l’autorité et l’embellissement de la ville, ces commerces informels ont un impact social positif non négligeable mais causent une perte financière pour l’économie de notre Pays.

En effet, Les seuls bénéficiaires de ces situations sont en réalité les commerçants étrangers qui louent, sous louent, achètent ces espaces pour une modique somme à nos compatriotes en situation de grande précarité.

Effectivement, ils arguent le montant d’un investissement qui ne fait l’objet d’aucune contre-expertise pour reverser des subsides, laissant souvent aux familles un investissement complétement délabré et inexploitable par la suite.

En revanche, durant la période de location, ils multiplient les bénéfices ( soumis à aucun impôt compte tenu de l’activité informelle)qui sont immédiatement transférés dans leurs pays d’origine pour des investissements de meilleure qualité.

D/ IL N’EST PAS ENCORE TROP TARD

La dynamique et l’espérance suscitées par l’arrivée au pouvoir du Comité de Transition et Restauration des Institutions (C.T.R.I) nous permettent d’espérer que la Loi relative à la décentralisation.et son application prendront une place prépondérante dans les débats à l’assemblée Nationale transitoire.

Le développement d’un pays passe par le développement de ses communes.

Le C.T.R.I doit s’appuyer et se pencher sur ce » phénomène de ghettoïsation » parce qu’Akanda n’a pas vocation à se transformer en Bidonville.

NOUS devons agir vite  sur ces questions sensibles en vue d’améliorer notre  environnement, notre cadre de vie,  et la beauté de notre ville.

Je suis conscient que l’on ne peut effacer autant d’années de laxisme en si peu de temps, qu’il est illusoire d’imaginer l’adhésion du plus grand nombre, lorsqu’ il s’agit de bousculer des habitudes.

Toutefois, il est impérieux que l’on pose les bases d’une fondation solide pour l’embellissement de notre Ville et pour nos générations futures.

E/ QUELQUES PISTES DE SOLUTIONS

– Définir à travers le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (S.D.A.U) le Centre-ville, les quartiers résidentiels, populaires, zones commerciales, etc.;

– Construire « les Halles du Delta » Marché moderne qui regroupera les commerçants du secteur informel par activités (lieu ancien Bâtiment du delta postal Ministère de l’intérieur) Financement partenariat Public-Privé;

– Délocaliser les transports suburbains et possibilité de créer une gare routière;

– Oeuvrer avec les chancelleries des pays frères afin de les sensibiliser sur l’occupation du domaine public;

– Améliorer les recettes de la commune en redéfinissant le découpage et limite de la commune qui répondait à une logique de politique politicienne ;

– Convoquer les Entreprises adjucatrices de marchés publics en 2012 afin d’auditer leurs travaux et définir comment contourner la difficulté compte tenu des constructions actuelles ; (associer AGEOS).

 »  Uni dans la concorde…,c’est est enfin notre essor vers la Félicité »

Ché Stéphane NDAO RILOGUE

Conseiller Municipal du 2ème Arrondissement.

Gabonactu.com

One thought on “Akanda : Bidonville en développement ? (libre propos de Ché Stéphane Ndao Rilogue, conseiller municipal)

  1. Prévoir un numéro ( si possible numéro vert de 4 chiffres), par lequel les riverains d Akanda pourraient dénoncer toutes les dérives notamment en terme de salubrité afin que des équipes de la municipalité se rendent sur les sites , constatent et freinent les abus ( extension des propriétés sur le domaine public, squat) et tout signe d incivisme ( insalubrité tant devant les domiciles et commerces de chacun mais également dans les lieux publics).

    Très bel article qui me surprend agréablement car nous avons tendance à penser à tort que les Maires ne font pas le job. J’ai pris vraiment beaucoup de plaisir à lire cet article et j adresse mes encouragements à l’auteur tout en espérant qu ensembles nous stopperons le phénomène di bidonville qui pointe son nez et s installera si rien n’est fait.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error

Vous aimez l'article? Merci de le partager.