L’évolution de la photographie au Gabon, selon Désiré Minko

Désiré Minko @ Facebook D. Minko

Libreville, 15 janvier (Gabonactu.com) – Le photographe professionnel gabonais, un des meilleurs photographes de presse du pays, Désiré Minko a posté sur son compte Facebook publié un libre propos sur l’évolution de la photographie au Gabon notamment de la transition de l’argentique au numérique et toute la série des innovations intervenues en cascade. Gabonactu.com partage cette lecture avisée qui s’inscrit dans les anales d’un métier encore mal compris au Gabon.
 
Au vu du nombre croissant de ses pratiquants dans notre pays et de l’évolution du matériel et des logiciels qui sont des atouts pour certains et une voie de sortie pour d’autres. La photographie a connue une grande mutation au début des années 2000 avec l’apparition du numérique.
Je suis donc de la génération qui est arrivée quelques années avant les derniers jours de la photographie argentique en ayant en plus eu, le privilège d’avoir été parmi les 10 photographes africains (Photojournalistes) qui devaient tester l’un des derniers films de Kodak, Profoto, lors des 2ème  Rencontres de la Photographie a Bamako, en 1996 avec mon complice Maurice Ebanga, photographe des Lions Indomptables (père de Olivier Ebanga), et bien d’autres.
Au Gabon, cette transition a eu pour conséquence de mettre beaucoup de photographes au chômage quand d’autres se sont recyclés et une succession de laboratoires en faillite. Certains par leur faute, en faisant de la résistance contre le nouvel arrivant : le numérique. Ils n’ont donc pas pris le train en marche. Certains se gaussaient même de cette nouvelle technologie, en le considérant mort-née comme le fut le format APS (Advanced Photo System) apparu en 1996. Le train est venu. Il est passé. Eux sont restés à quai. A leur dépend.
La photographie gabonaise a connu un certain essor durant les années 1990 à 2000 dans sa pratique et dans ses deux branches principales de l’époque qu’étaient : le Studio et les « Photographes ambulants », appelés pompeusement aujourd’hui « paparazzi ». Tous se retrouvaient dans un laboratoire qui servait en même temps de bureau. Chacun avait son casier à son nom.
Chaque labo avait ses « grands ou célèbres photographes ». Mon mentor, Oumarou Nou’ou était à Photo Rapide (un des rares qui a résisté au temps et ce fut naturellement mon labo et l’ai encore pour mes agrandissements). A cote de lui, il y avait d’autres grands noms de la photographie comme (Gabriel Eko, Tex Akighe Assame, Lev, etc.).
J’ai connu deux grands portraitistes, mon modèle dans le domaine d’abord : Samuel Stephanos devenu mon grand frère et le grand Raphael Boutsou.
Dans la photo de presse, j’ai trouvé Joseph Manianga, Gaston Ngoubili et Adjai Ntoutoume, tous reporters au journal l’Union que je retrouverai en 1993 comme free-lance dans cette rédaction avant de prendre la tête du service photo de ce journal en 1996.
Le constat fait, sauf oubli ou ignorance de ma part, la photographie gabonaise n’a jamais fait parler d’elle hors de nos frontières, faute à la préférence de l’aspect mercantile au détriment de l’art et de la professionnalisation.
 
Beaucoup trouve, certes leur compte, mais la photographie gabonaise est toujours coincée dans les starting-blocks du concert des nations africaines. Et pourtant…
 

QUE DE TALENTS AU KM2

La nouvelle génération représentée par les Francois Zima, Yvan Anguillet, David Nzoubou, Ussi’n Yala Prince, Mouassa, Jocelyn Abila, Claude Bunny Massassa etc. Je n’ai jamais vu autant de talents au Km2. Certains ont révolutionné l’art du portrait et de la photographie de mariage. Francois et Yvan chapeau a vous !
 
Wilfried Mbina, Brice Bandoma, Prince Mouassa, Jocelyn Abila et Claude Bunny (qui a le don de faire l’art et le photojournalisme et bien d’autres, vous êtes le futur de cette branche photographique dans le journalisme. Ussi’n Yala, le talent brut et insolent. Respects à vous.
 
Malheureusement, tous ces talents qui évoluent individuellement ne feront pas connaître la photographie gabonaise si chacun évolue seulement dans son petit coin comme l’ont fait mes ainés et ceux de ma génération. Nous on a failli. Chers jeunes apprenez de nos erreurs.
La création d’une association de Photographes est plus que nécessaire et indispensable car, sans organisation, ni représentation, la photographie gabonaise ne se fera jamais connaître, même devant nos pouvoirs publics, faute d’interlocuteur.
 
Un exemple: il a fallu qu’un animateur culturel (merci à Hanck) pense à votre serviteur et me demande si je peux accepter d’organiser la présélection des photographes devant représenter le Gabon aux derniers jeux de la Francophonie à Abidjan, car l’Etat ne trouvait pas d’interlocuteur (personnalité morale) et s’apprêtait à éliminer cette discipline. Un cas parmi tant d’autres.
Chers confrères, ce ne sont pas les médecins ou les menuisiers qui viendront nous aider à organiser notre métier et notre passion, mais nous même.
Sortir des sentiers battus en consacrant un peu de notre pratique à l’aspect artistique avec l’organisation des expositions, la participation aux concours photos, aux workshops, etc.
 
C’est grâce et à travers une association qu’on est « connecté » et pouvons bénéficier de toutes ces choses la.
Quand je vois l’essor du Collectif Génération Ellili que j’ai vu naitre (ses membres ne manquaient aucune occasion de venir prendre conseil auprès de ma modeste personne lors de mes passages à Brazzaville) et qui a révélé l’un des photographes africains les plus talentueux de sa génération, j’ai cité mon petit frère Baudouin Mouanda qui, malgré son immense talent, a sollicité et obtenu une résidence à Afrikimages Agency (basée a Libreville) pendant un mois grâce a une bourse d’un organisme des Pays-Bas. Quelle humilité.
Chers confrères et petits frères, le talent seul ne suffit pas, la photographie gabonaise ne connaitra son envol qu’à travers une association…
Prenez votre destin en main en mettant de coté vos egos. C’est ainsi que vous porterez haut le flambeau de la photographie gabonaise comme l’ont fait nos frères du Mali, de la Cote d’Ivoire, du Congo, etc.
 
Nous vivons une ère communautaire ou l’individualisme est voué à l’échec. C’EST MON SOUHAIT POUR VOUS CETTE ANNEE 2018.

Désiré Minko, DG de l’agence Afrik’images

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