Le fantôme de Jean Ping honte le dialogue national

Jean Ping dans la cours de l’école publique Martine Oulabou de Libreville le 27 août 2016 quelques minutes avant de voter @ Gabonactu.com

Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Jean Ping, devenu par la force des choses le chef de l’opposition gabonaise, a beau répéter qu’il ne dialoguera jamais avec Ali Bongo Ondimba, et pourtant, son fantôme honte énormément le dialogue national ouvert ce mardi au palais présidentiel de Libreville.
 
Le palais présidentiel était richement pavoisé ce mardi matin. Tous les invités étaient impeccablement habillés pour entrer dans cette page de l’histoire. La salle d’aparat du palais du bord de mer a accueilli du beau monde. Diplomates, représentants de l’opposition et de la majorité sans oublier la société civile.
 
Une vue panoramique de ces belles retrouvailles ont laissé convaincre de l’absence de Jean Ping, ancien président de la Commission de l’Union africaine (UA) et surtout ancien candidat à l’élection présidentielle du 27 août 2016 qu’il affirme avoir remporté.
 
Le Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet, premier à prendre la parole en sa qualité du président du comité préparatoire a simplement ignoré Ping et sa galaxie. Pas un seul mot à leur propos. Idem pour René Ndemzo’o Obiang et même Faustin Boukoubi qui sont montés sur la tribune pour délivrer leur message.
 
Ali Bongo en personne a aussi passé son chemin sans mot dire sur son ancien challenger à l’élection présidentielle du 27 août dernier.
 
« Dans la tête d’Ali Bongo, les petites convenances personnelles ne comptent pas durant cette période de dialogue où il faut penser Gabon d’abord », confie un communiquant du palais à Gabonactu.com
 
Finalement les langues se sont déliées en marge de la cérémonie. « Leurs contributions auraient apporté un plus à la nation », a soutenu Faustin Boukoubi exprimant ses regrets suite à ce boycott qu’il a estimé « contre productif » y compris « pour les militants et sympathisants de Jean Ping dont les idées ne pourront pas être répercutées durant ce dialogue ».
« Le dialogue est inclusif. Il n’exclu personne. Les absents d’aujourd’hui peuvent prendre le train en marche », a temporisé René Ndemezo’o Obiang, ancien directeur de campagne de Jean Ping durant la dernière élection présidentielle.
 
Le dialogue prend fin le 10 mai. Ses actes pourront être transformés en loi et s’appliqueront à la République, selon les organisateurs.
 
« La politique de la chaise vide n’a jamais été payante », a fait remarquer le communiquant de la présidence. « Le boycott donne certes une certaine stature, peut être un prestige mais les conséquences à long terme sont généralement fâcheuses », conclut-il.
 
« Avec ou sans eux, les décisions seront prises par les présents et seront appliquées », a tranché un autre proche du pouvoir.
 
On rappelle que le dialogue a pour but de reformer les institutions notamment la Commission nationale électorale autonome et permanente (CENAP) dont les décisions après chaque élection sont souvent contestées. Idem pour la Cour constitutionnelle chargée de vider le contentieux électoral.
 
La constitution sera également revisitée en profondeur. Il s’agira de débattre sur la limitation ou non des mandats présidentiels. Actuellement, le président gabonais est élu pour un septennat renouvelable. La future constitution devra également abrogée les élections à un tour unique. Ce principe a été décidé lors d’une révision constitutionnelle en 2003.
 
Les participants au dialogue plancheront également sur un nouveau découpage électoral dans la perspective des futures échéances électorales, notamment les législatives repoussées de décembre 2016 à juillet 2017.
 
« Le dialogue national débattra certes des questions d’intérêt national, mais l’essentiel pour nous aurait été de mettre sur la table la question principale de ce qui s’est passé lors de la dernière élection présidentielle. Pourquoi celui qui a gagné ne gouvernement pas. Pourquoi il n’est pas au palais du bord de mer ? » a résumé, Jean Eyeghe Ndong, ancien Premier ministre gabonais passé à l’opposition.
 
« L’élection présidentielle est derrière nous. Nous devons aller de l’avant », a riposté l’actuel Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet.

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