Fâchés, les avocats du Gabon ouvrent le feu contre l’appareil judiciaire

Me Lubin Ntoutoume, Bâtonnier du Gabon © archives Gabonactu.com

Le conseil de l’ordre des avocats du Gabon réuni en séance extraordinaire le 10 février dernier n’a pas mâché ses mots contre le procureur de la République, André Patrick Roponat qui a menacé de poursuivre des avocats pour propagation de fausses nouvelles suite aux révélations, par eux, des graves tortures et humiliations des détenus « politiques » à la prison centrale de Libreville, et menacent de ne pas participer aux prochaines sessions criminelles.
Dans une déclaration lue mercredi par le bâtonnier, Lubin Ntoutoume, les avocats du Gabon jugent « inacceptables » les menaces contre eux.
« Les propos tendant à qualifier publiquement de mensonger des procédures régulièrement engagées par des avocats sont purement et simplement inacceptables », a cogné le bâtonnier qui insiste que « l’avocat ne doit être inquiété encore moins menacé dans l’exercice de ses fonctions ».
« Aucune menace ni aucune pression ne seront suffisantes pour le sanctionner ou le neutraliser », a-t-il martelé en rappelant que « l’avocat ne saurait être assimilé à la cause qu’il défend ».
La crise entre le barreau et le parquet est née suite à des révélations successives de plusieurs avocats affirmant que leurs clients ont été torturés nuitamment dans leurs cellules à la prison centrale de Libreville.
Me Anges Kevin Nzighou a, par exemple, révélé que son client Christian Patrichi Tanasa a été fouetté nue sur les testicules et le pénis par trois hommes portant des uniformes de la sécurité pénitentiaire. Me Cédric Manguisset a, de son côté, révélé les mêmes tortures contre l’ex ministre Justin Ndoundangoye.
Le procureur de la République, André Patrick Roponat a démenti vendredi dernier dans une déclaration toutes ces affirmations.
« Il ressort de ce rapport que les faits dénoncés par les avocats de messieurs Patrichi Christian Tanasa et Justin Ndoundangoye ne sont pas formellement établis et que les événements décrits ne se sont pas déroulés », a soutenu le procureur de la République.
Selon M. Roponat, une enquête a été diligentée à sans famille et auprès des détenus en question, présumés avoir été victime de tortures. Des analyses médicales effectuées sur les détenus en question n’auraient rien révélé, selon le procureur qui a ajouté que les intéressés eux-mêmes et leurs co-détenus n’ont pas corroboré les affirmations des avocats.
« Les mesures qui ont été diligentées par le ministère public pour traiter des plaintes en dénonciation de tortures à savoir examens médicaux, enquêtes au sein de la détention, auditions des détenus concernés, rapport au ministre de la Justice n’ont pas été menés en présence de la défense…. Elles n’ont pas été menées conformément au principe du contradictoire », conteste le barreau.
« Le barreau du Gabon recommande la communication aux parties concernées y compris au juge de l’ensemble des mesures diligentées par le parquet », ajoute Me Lubin Ntoutoume.
Le barreau du Gabon affirme son attachement à la lutte pour la protection des droits de la défense et qu’elle ne gardera jamais le silence ni ne se rendra complice de toute manœuvre complice à la loi. Il demande à cet effet, l’ouverture d’une enquête complémentaire.  À défaut, il envisagerait de suspendre la participation des avocats aux sessions criminelles à venir

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