Vicky Founier, star et pionnière de la radio, est morte à 90 ans

Vicky Fournier il y a moins d’un an @ DR

 

Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Icône de Radio Gabon dans les années 60 et 70 avant de passer à Africa N°1 dans les années 80, Vicky Fournier, l’animatrice primordiale du Gabon, est décédée le 21 mars 2016 à 16 h après avoir séduit, bercé, informé, instruit et inspiré de nombreuses générations de Gabonais.

 

 

«Tante Vicky c’est ainsi qu’on l’appelait ; dans mon cas elle l’était réellement. C’était une pionnière dans les médias en tant que femme certes, mais je me convaincs qu’elle a inspiré également des hommes. Le public aura retenu l’émission «Elombè sika – De la discussion jaillit la lumière» mais il y en a eu beaucoup d’autres. Son timbre vocal unique et distingué, malicieusement prêté au programme jeunesse «Sacadé Sacadi» est dans la mémoire de beaucoup de gens de notre génération. Elle est partie rejoindre les étoiles, c’en était une… très belle. Nous ne l’oublierons jamais», a laissé entendre, la voix pleine d’émotion Imunga Ivanga, homme de culture et Directeur général Gabon Télévision joint au téléphone dès l’annonce du décès. Un témoignage prouvant la marque transgénérationnelle de cette grande dame née précisément le 2 février 1925, à la Pointe-Denis.

 

Descendante du Roi Denis Rapontchombo par sa mère Myènè, elle tient sans doute son patronyme de son père Brésilien. Formée à l’école Saint-Pierre de Libreville où elle se fait remarquer pour sa passion de la lecture et son élocution quasi-parfaite, elle se retrouve au Cameroun à la fin des années 40, se marie en juillet 1950 avant d’intégrer l’équipe de la Radiodiffusion télévision gabonaise (RTG) un an après sa création, en 1959. Elle pose alors sa voix sur les avis et communiqués et livre tous les jours un bulletin météo. Admiratifs, Georges Rawiri puis Agathe Okoumba d’Okwatségué l’encouragent et pour se parfaire, elle se retrouve en France pour une formation adéquate, au retour de laquelle elle crée tour à tour des magazines de radio : «Le Magazine de la Femme», «Faites votre marché», «Glané pour vous», «Evocation du temps passé» et «Mwana magazine» pour ceux dont on se souvient dans l’immédiateté.

 

Si la dernière émission listée ci-dessus est celle qui a marqué la génération actuelle des quadras et quinquagénaires, Vicky Fournier aura surtout marqué l’opinion avec «Elombé sika – De la discussion jaillit la lumière», un talkshow radiophonique avant l’heure dans lequel, en femme émancipée comme on disait alors, elle menait un débat sur des sujets de société, tenant la dragée haute à un bon nombre d’interlocuteurs parfois réactionnaires. En cela, elle était une pionnière du combat pour l’émancipation de la gente féminine locale. D’ailleurs ses thèmes de prédilection étaient la condition féminine, l’éveil et l’épanouissement des enfants, la culture.

 

Par ailleurs, l’élocution et la beauté de Vicky Fournier n’auront pas laissé indifférents les chargés du casting du cinéma gabonais d’alors. Elle se retrouve donc à camper des rôles ou à figurer dans certains films, plus précisément «Carrefour humain» de Pierre Marie Don en 1969,  «Ayouma» de Charles Mensah et Pierre-Marie Don en 1978, et «Ilombe» de Charles Mensah, la même année.

 

Après une vingtaine d’années passées à la RTG, la grande dame se retrouve trois années encore sur Africa N°1 avant de prendre une retraite bien méritée. Vicky Fournier aura été à la radio gabonaise ce que Myriam Makéba a été à la chanson africaine : le modèle original, l’inspiratrice de nombreuses autres femmes qui emprunteront, avec des fortunes diverses, la voie qu’elle aura défrichée à la machette et sur laquelle nombreuses font de la vitesse aujourd’hui, parfois sans avoir l’étoffe de l’animatrice primordiale du Gabon. Puisse-t-il y avoir des émissions de radio à animer là-haut… au bonheur des anges.

 

Source : Gabonreview

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